Hanin Albuni croit fermement au Programme de sevrage progressif des benzos et s’y implique corps et âme. Avec un sourire convaincant, elle nous livre son ambition de sevrer tout le quartier. Une mission qu’elle semble en bonne voie d’accomplir !
Hanin : « Quand je vois qu’un patient est sous benzos, je lui propose le Programme de sevrage progressif et j’entame le dialogue avec lui. Pour moi, ce trajet se divise en deux ‘voyages’. Le premier vise à convaincre le patient des bienfaits du sevrage : moins de risque de chutes, de perte de mémoire ou d’incapacité de reconnaître ses petits-enfants … Il peut s’écouler quelques semaines à quelques mois avant que le patient ne revienne vers moi. Une fois la graine semée, je suis persuadée de son retour, sans même devoir insister. La deuxième étape est celle du voyage du sevrage proprement dit. »
Hanin : « En fait, il s’agit d’une aventure partagée entre le patient et moi, qui débute avec l’instauration d’un climat de confiance dès le premier jour. Je le rassure sur le fait que le sevrage n’est pas synonyme de souffrance, qu’aucun manque ne se fera ressentir. En cas de difficultés, il sait qu’il peut compter sur moi pour atténuer tout inconfort. Ma priorité est de trouver la solution adaptée, le patient redoutant souvent de ne pas pouvoir trouver le sommeil. Mon rôle premier est donc de le rassurer et d’établir cette confiance mutuelle : celle du patient envers moi et la mienne envers lui, un patient pouvant tenter de tricher en prenant des doses supplémentaires. Cela dit, grâce à l’outil (eForm) de FarmaFlux plus ma farde destinée à ce service, je peux suivre tous mes patients dans le sevrage, l’avancement des paliers, l’observance, l’encodage des honoraires, etc. »
Hanin : « Je tiens à préciser que je ne me conforme pas toujours à 100 % au protocole de l’INAMI, privilégiant une approche sur mesure. Je vous donne un exemple. Une patiente qui prenait quatre benzos par jour ne répondait pas aux critères pour le remboursement du Programme de sevrage (limité à une seule molécule). Convaincue de la nécessité de la sevrer, j’ai d’abord consulté l’APB avant d’élaborer un programme personnalisé, intégrant progressivement du Diazépam à la place des autres Z-drugs jusqu’à atteindre 20 mg, la dose requise pour entrer dans le protocole. Il est essentiel de laisser au pharmacien l’autonomie et la créativité pour accompagner ses patients dans ce trajet. Il faut parfois aussi faire preuve de patience avec les médecins, pour les inciter à prescrire le palier suivant. Je conseille à mes confrères de ne pas trop vite baisser les bras, parce que la reconnaissance des patients est inestimable. »
Si notre témoignage peut encourager et inspirer d’autres pharmaciens à proposer ce programme, ce serait un pas en avant.
« Il faut avant tout la volonté de s’investir. Cette question me tient vraiment à cœur, et chaque patient qui parvient à réduire ses benzos, même de 50 %, est une victoire ! L’accompagnement exige aussi une profonde empathie, notre rôle est celui d’un coach psychologique offrant un service personnalisé. Il est essentiel d’être à l’écoute du patient. Notre proximité quotidienne avec des centaines de patients nous confère une position unique, nous permettant de les comprendre et de les connaître parfois mieux que quiconque. »
« Il est bon de savoir qu’un rhume, des symptômes grippaux et la prise de cortisone peuvent avoir un effet négatif sur le sevrage. Le programme d’une de mes patientes s’est ainsi vu ‘court-circuité’ avant qu’on ne s’en rende compte. Le pharmacien joue un rôle clé en la matière. Pour leur assurer un sommeil réparateur, je donne à mes patients des gélules aux plantes en complément. En cas de maladie susceptible de perturber le sommeil, j’augmente la dose. Je renvoie aussi à la fiche de l’APB pour une bonne hygiène de sommeil, ajoutant quelques conseils selon le cas.
Je ne peux qu’encourager mes confrères à promouvoir ce programme auprès de leur patientèle. Nous avons le pouvoir de faire une réelle différence dans la vie de nos patients, comme le démontrent les témoignages suivants. Si plus de 4000 pharmaciens viennent à adhérer à ce programme, je serais ravie ! »
« J’avais tenté à plusieurs reprises le sevrage progressif avec l’aide de mon médecin, sans jamais réussir à réduire la dose au-delà d’un quart. Cependant, cette fois-ci, j’étais vraiment déterminée à arrêter au bout de 35 ans ! Même s’il m’arrive de ne dormir que 5 heures par nuit, j’ai plus d’énergie, je suis plus concentrée et j’ai l’esprit plus clair. Ma pharmacienne s’est réjouie d’apprendre que je rêvais à nouveau, signe d’un sommeil naturel. Mes enfants sont également contents que je dorme mieux, car le manque de sommeil affectait mon humeur. Et en cas de besoin, j’appelle ma pharmacienne ou je passe à la pharmacie. Elle y met vraiment du cœur. Au fond, c’est notre victoire à toutes les deux. »
Mme M. (60 ans) prenait du Zolpidem au coucher depuis 35 ans.
« Ma pharmacienne m’a proposé ce programme parce que je venais régulièrement acheter ma boîte de benzos. J’ai tout de suite accepté, connaissant les risques pour ma santé à long terme, comme des problèmes de démence et autres. Je suis heureuse d’avoir adhéré à ce trajet et il faudrait vraiment le recommander à tous ceux qui prennent ces médicaments ! Il serait bon aussi que les médecins prescrivent moins vite des benzos et proposent plutôt des remèdes naturels. Je me sens de mieux en mieux, malgré une période difficile sur le plan personnel. Chaque jour, ma qualité de vie s’améliore. Au réveil, je ne ressens plus cette fatigue qui m’assommait et j’ai l’esprit plus vif. Je suis infiniment reconnaissante envers ma pharmacienne pour son écoute et son soutien moral. Sans elle, je n’y serais jamais parvenue. En plus, sa joie face à ma progression mensuelle est sincère, je ne la remercierais jamais assez. Si notre témoignage peut encourager et inspirer d’autres pharmaciens à proposer ce programme, ce serait un pas en avant. »
Mme R. (57 ans) prenait des benzos depuis plus de 20 ans.
Dernière mise à jour le 08/05/2024
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