Pas moins de 2,3 millions de Belges souffrent de troubles du sommeil et consomment chaque année quelque 400 millions de doses de somnifères (Source : IQVIA, chiffres 2022). Le gouvernement a manifestement voulu faire quelque chose à ce sujet. Le SPF Santé a donc récemment lancé une campagne de sensibilisation à l'intention des professionnels de la santé et un site web proposant de nombreux outils. En effet, il faudra aller plus loin que le programme actuel de sevrage progressif des benzos en pharmacie pour s'attaquer à ce problème en profondeur. C'est pourquoi nous nous sommes entretenus avec la neurologue Inge Declercq.
Sa fascination pour les troubles du sommeil et de l'éveil l'a amenée à suivre divers cours et conférences et à passer finalement l'examen d'expert du sommeil. Après avoir travaillé pendant 16 ans dans un hôpital bruxellois, Dr. Declercq a créé sa société SleepWell&StressLess (site également en français) pour « introduire le pouvoir du sommeil dans le monde des entreprises » par le biais de programmes de formation, d'ateliers, etc. pour "introduire le pouvoir du sommeil dans le monde des affaires". Declercq : « En fait, tout ce que vous faites pendant la journée influe sur la qualité de votre sommeil et, inversement, votre sommeil détermine la façon dont vous fonctionnez pendant la journée. Les deux sont intrinsèquement liés. »
Lors de ses consultations à l'UZ Antwerpen, Dr. Declercq rencontre de nombreuses personnes dépendantes des somnifères à cause de l'insomnie. « Le problème de l'utilisation à long terme est celui des troubles cognitifs et des troubles de l'équilibre ou de la coordination chez les personnes âgées. Mais ce qui est très motivant lors du sevrage, c'est que ces effets secondaires disparaissent rapidement. Le brouillard dans votre tête se dissipe et vous fonctionnez mieux. Il est donc important de faire comprendre à votre patient que ce n'est pas le manque de sommeil qui est en cause, mais bien les médicaments. »
Il est donc important de faire comprendre à votre patient que ce n'est pas le manque de sommeil qui est en cause, mais bien les médicaments.
Selon le Dr Declercq, tout commence par l'écoute, un diagnostic correct et, si nécessaire, un examen du sommeil, comme les gens se trompent souvent complètement dans l'estimation de leur temps de sommeil. Et c'est justement le fait de reprendre confiance en ses propres capacités de sommeil qui constitue un bon point de départ pour entamer une thérapie du sommeil. Dr. Declercq : « La thérapie cognitivo-comportementale est le traitement de première ligne internationalement reconnu et scientifiquement validé pour une grande partie des insomniaques. Il suffit de suivre 7 à 8 séances individuelles d'une heure. Dans mon livre d'auto-assistance ‘Slaap Wiizer’ (Dormir plus intelligemment - uniquement en NL), il s'agit de 10 étapes en 12 semaines. Les problèmes de sommeil doivent être abordés de manière holistique, en brisant le cercle vicieux, comme faire du mindfullness ou surveiller son alimentation ne suffira pas à les résoudre. Il n'y a pas de solution miracle aux problèmes de sommeil, ils sont complexes et il est donc normal qu'il faille du temps et une certaine motivation pour les résoudre. Le sommeil ne vient vraiment pas d'une boîte. »
Dr. Declercq : « Nous avons tous un biorythme qui est en partie déterminé par la génétique. C'est pourquoi il est essentiel de déterminer son rythme veille-sommeil, afin de savoir exactement à quel moment il est préférable de se coucher. Trente pour cent des personnes souffrant de troubles du sommeil se couchent trop tôt, ce qui signifie qu'elles n’ont pas un problème de sommeil, mais de biorythme. »
Dr. Declercq est convaincue que le gouvernement peut faire plus que financer ce programme de sevrage progressif. Elle propose notamment d'encourager l'activité physique comme partie intégrante du mode de vie de chacun, d'aménager davantage d'espaces verts dans les villes, de supprimer les distributeurs automatiques de boissons gazeuses et les ‘bombes énergétiques’ sucrées dans les écoles, les hôpitaux, etc. qui contiennent trop de sucre et/ou de caféine. Certainement encore plus de mesures pour favoriser l'accès à la thérapie du sommeil et la création de programmes en ligne pour le bien-être mental, etc.
Dr. Declercq estime également que le gouvernement devrait veiller à ce que tous les médecins suivent la médecine du sommeil en tant qu’un cours de base et non en tant qu'un cours optionnel. Cela les armerait déjà en partie lorsque les patients viennent les consulter pour des problèmes de sommeil. En outre, elle suggère de décharger les médecins d'autres tâches (de vaccination ?) afin de leur laisser le temps de s'occuper des patients. Elle pense à une simple liste de contrôle grâce à laquelle ils pourraient déjà effectuer une véritable prise en charge de première ligne de certains troubles du sommeil.
En conclusion, Dr. Declercq rappelle qu'une approche holistique des problèmes de sommeil est indispensable et qu'elle souhaite mettre son expertise à la disposition du gouvernement à cette fin, par exemple pour développer un parcours thérapeutique en ligne solide et efficace pour le traitement de l'insomnie. "L’accompagnement lors des programmes de sevrage sont une bonne initiative, mais ils ne suffisent pas. Il est nécessaire de s'attaquer aux problèmes de sommeil sous-jacents".
Dr. Inge Declercq, Je veux dormir ! 12 semaines pour retrouver votre sommeil et votre énergie. Editions Kennes
Dernière mise à jour le 18/10/2023
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