Le pharmacien en première ligne dans la prevention

Dans le cadre du rôle du pharmacien dans la prévention, le VAN* a organisé en mai 2021 une campagne sur L’ARRÊT DU TABAC. L’objectif était de faire en sorte que les pharmaciens se concentrent pendant un mois sur l’accompagnement au sevrage tabagique en pharmacie et de montrer aux pouvoirs publics que les pharmaciens peuvent jouer un rôle important dans la prévention. Nous nous sommes entretenus avec Karel Verlinde, directeur du développement professionnel chez KLAV et responsable de ce projet, et le professeur Dr Phn Lies Lahousse de l’UGent, responsable de l’analyse des données.

Le chef de projet Karel Verlinde entre dans le vif du sujet : « Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un des cinq domaines de concentration du VAN, à savoir la prévention. Nous avons choisi le mois de mai pour clôturer en beauté sur la Journée mondiale sans tabac le 31 mai. » Pour se préparer à cet accompagnement au sevrage tabagique, 435 pharmaciens ont suivi un webinaire, qui a abordé aussi bien la théorie que les techniques d’entretien motivationnel. Par ailleurs, tous les membres du VAN ont reçu du matériel promotionnel (dépliants, affiches, etc.). FarmaFlux a créé 4 codes CNK (image ci-dessous) pour répertorier les actions du pharmacien. L’avantage est que ces codes CNK, normalement liés à des produits, peuvent être convertis en codes de soins pour enregistrer des actions.

Karel Verlinde : « Nous avons fait appel à FarmaFlux pour capter ces données. En effet, il faut des données pour montrer aux pouvoirs publics que les pharmaciens peuvent bel et bien jouer un rôle dans la prévention. En outre, cela donne aux pharmaciens l’occasion de montrer le résultat et l’utilité de l’enregistrement des codes CNK pendant un mois. »

Analyse des données

Lies Lahousse (UGent) ajoute qu’une analyse descriptive des données a été réalisée afin de connaître le groupe cible moyen pouvant entrer en ligne de compte pour un accompagnement au sevrage tabagique en pharmacie, le pourcentage de cas chez lesquels la redirection ou l’offre d’aide est réussie, et les facteurs (âge, sexe, etc.) associés à un taux de réussite plus élevé. Lies Lahousse : « Nous disposons déjà de quelques résultats transversaux pour le moment : par exemple, un quart des patients approchés n’ont pas l’intention d’arrêter de fumer (groupe témoin) ; un autre quart est d’accord pour une redirection ; et le reste des patients (moins de la moitié) veulent arrêter. Dans ce dernier groupe, la grande majorité préfère arrêter avec des aides. Seule une minorité (et une nette majorité d’hommes) préfère essayer à la seule force de caractère, c’est-à-dire sans aide. Les personnes âgées s’avèrent aussi moins enclines à envisager un accompagnement au sevrage tabagique. »

Bénéfices de santé

« Il est intéressant de noter que nous recueillons des données pendant 3 à 6  mois via FarmaFlux afin d’avoir une meilleure idée des éventuels bénéfices de santé enregistrés. Si ces données anonymes ne nous permettent pas tirer de conclusions au niveau individuel, nous pouvons déterminer grâce à elles lequel des 4 groupes abordés enregistre en moyenne le plus de bénéfices en termes de santé. Dans l’idéal, nous verrons par exemple que le groupe qui a la volonté d’arrêter de fumer en se faisant aider recourt effectivement plus à des aides les mois qui suivent, ou nous constaterons une réduction de l’utilisation d’antitussifs. Si nous pouvons démontrer des bénéfices en termes de santé, nous montrerons non seulement le rôle préventif potentiel du pharmacien, mais aussi les économies possibles à plus long terme. Pour le groupe ‘sans changement’, il est également intéressant de voir si un changement ne survient pas à terme. En effet, chaque fois que le thème du sevrage tabagique est abordé, il existe une chance que la personne envisage tout de même d’arrêter de fumer. Le fait de savoir que leur entretien a en moyenne un impact peut en outre être motivant pour les pharmaciens. À l’inverse, il se peut bien sûr aussi que nous constations que les bonnes résolutions ne sont pas tenues longtemps et qu’il faut les renouveler. »

Des résultats plus détaillés ne seront disponibles que dans quelques mois. Nous ne manquerons donc pas de vous tenir au courant.

* VAN = Vlaams Apothekers Netwerk, le pendant de l’Association des Unions de Pharmaciens AUP