« L’avenir des soins de santé est à la personnalisation »

Cette semaine, dans le cadre de la dernière partie de notre mini-série sur l’impression 3D, nous donnons la parole à Jan De Belie, conseiller aux affaires professionnelles du Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPUE).

« L’avenir des soins de santé est à la personnalisation » : telle est la nouvelle devise de la quasi-totalité des décideurs dans les soins de santé. L’amélioration de la capacité actuelle à mesurer et à prédire l’état de santé du patient, ainsi qu’un large éventail de caractéristiques individuelles telles que la variabilité génétique entraînent l’augmentation rapide de la demande en pharmacothérapies personnalisées.

Outil supplémentaire

Depuis la naissance de la profession, les pharmaciens offrent bien évidemment une solution très accessible dans le domaine de la médecine personnalisée : les préparations magistrales. Une imprimante 3D en pharmacie doit donc être considérée comme un outil supplémentaire pour la préparation de médicaments oraux adaptés à chaque patient, au-delà d’un gélulier. Outre la personnalisation de la dose (alternative à la préparation de gélules magistrales offrant un gain de temps), une imprimante 3D permet en théorie d’adapter sur mesure la dispense (retardée/contrôlée) d’un médicament, de même que la couleur, la forme et/ou le goût d’un comprimé, en vue de l’amélioration de l’observance du traitement. Certaines publications scientifiques mentionnent même la capacité d’une imprimante 3D à imprimer un comprimé composé de plusieurs substances actives : les patients doivent ainsi avaler moins de pilules, ce qui améliore encore l’observance de la thérapie et la sécurité des médicaments.

Défis à relever

Pour l’heure, de nombreux défis subsistent, tant en termes d’évolutions scientifiques et technologiques qu’au niveau du cadre réglementaire. Il sera important de développer un appareil qui, en termes de taille, de rapidité, de prix et de qualité, soit adapté à l’intégration dans le fonctionnement d’une pharmacie d’officine. Entre-temps, un certain nombre d’instituts de recherche internationaux (dont certaines universités belges !) se concentrent sur le développement de l’impression 3D de médicaments. L’un des précurseurs est le spin off de FabRx de l’University College of London. Ils réalisent des expériences avec des technologies de production pour l’impression 3D de médicaments, permettant de démarrer avec des formes solides et liquides. Il est très important de savoir qu’il n’existera probablement pas d’imprimante 3D capable de traiter tous les médicaments. En raison de leurs différentes propriétés physico-chimiques, telles que la sensibilité à la température, il semble que la technologie Fused Deposition Modeling (FDM) sera la plus couramment utilisée dans les pharmacies d’officine.

Usine de bonbons

Afin de promouvoir l’intégration de l’impression 3D dans la pratique, FabRx a récemment reçu des fonds pour relever certains des défis existants en matière de Bonnes Pratiques de Fabrication (BPF) et d’exigences réglementaires avec les imprimantes 3D actuellement disponibles sur le marché. Ce projet sera réalisé en collaboration avec la « Magic Candy Factory », entreprise spécialisée dans les bonbons imprimés en 3D aux formes, couleurs et saveurs diverses et variées.

Dans de nombreux pays, les associations de pharmaciens commencent à déceler le potentiel de l’impression 3D de médicaments et envisagent déjà d’éventuels projets pilotes. Cette technologie poursuivra donc son évolution rapide dans les années à venir, avec – espérons-le – quelques projets positifs intégrés dans la pratique, ce qui permettra aux pharmaciens de développer davantage leur valeur ajoutée dans l’accompagnement et la délivrance de soins et de médicaments personnalisés !