Dans le podcast mensuel de Nerdland (un podcast néerlandophone qui parle de l’actualité scientifique et technologique) du mois passé, ils se sont posés la question dans quel sens il faut insérer le suppositoire : par le côté pointu ou plat. On a été trouver la pharmacienne experte Magali Van Steenkiste du département scientifique de l’APB pour en savoir plus. Manon du département Flux s’est jointe à la discussion.
Comme le montrait le podcast de Nerdland, il semble y avoir beaucoup de confusion sur ce sujet et, en plus, les sources se contredisent. Cette vidéo (NL), réalisée par la Karel De Grote Hogeschool (une haute école), parle d’un certain William S. Wellcome – personne introuvable sur le web – qui aurait développé le suppo en 1886 et indiqué qu’il fallait l’insérer avec le côté plat.
Magali : « Oui, c’est vrai, car de cette façon, le sphincter du rectum ne peut pas repousser immédiatement le suppo. Néanmoins, l’insertion du suppositoire avec le côté pointu est plus facile, mais il a tendance à ressortir naturellement. Une étude clinique n’a pas pu démontrer une différence entre les deux modes d’insertion. » Plusieurs autres articles affirment que les suppositoires étaient toujours insérés avec la partie pointue en premier, mais une étude en 1991 a soudainement changé cela pour la raison susmentionnée. Donc apparemment, cela reste flou …
Mais du coup on se demandait pourquoi n’y avait-t-il pas de suppositoires avec deux côtés pointus ?
Magali : « Le problème est que les suppositoires sont fabriqués dans des moules en plastique ou en métal par coulée (voir fig.). On verse donc la substance dans la cavité du moule. Si l’on veut faire un suppositoire avec deux côtés pointus, le moule doit être à l’horizontale, ce qui rend difficile une répartition uniforme des ingrédients actifs. » Manon, pharmacienne experte à l’APB ajoute : « Les tailles des suppositoires sont standardisées, de sorte que tous les pharmaciens utilisent les mêmes formes, de même pour les formules au moyen desquelles on calcule la quantité de médicament qu’ils doivent contenir, de manière que chaque suppositoire contienne donc la même quantité de médicament.
Cette vidéo montre que couler des suppositoires n’est pas une tâche facile. La masse (sous forme de granulés) est portée à sa température de fusion à l’état crémeux, c’est le point où le mélange est homogène, donc où il n’est pas trop dur pour pouvoir encore être coulé ni trop fluide, ceci pour éviter une sédimentation de la poudre au fond du moule.
Magali : « Il faut aussi tenir compte de la résistance du médicament à la chaleur dans le suppositoire et il faut savoir quand l’ajouter : lorsque la masse est bien chaude ou attendre qu’elle ait légèrement pris. » Manon ajoute : « En fait, la substance doit être dans une phase à la fois mi-liquide et mi- solide, afin que les suppositoires ne restent pas liquides trop longtemps dans le moule. Il faut également couler très rapidement et parfois réchauffer la masse entre-temps si elle s’est solidifiée. Les collargols noirs contre les hémorroïdes sont les plus difficiles à faire. »
Magali explique pourquoi : « C’est parce que la poudre noire se dissout difficilement, ce qui fait qu’ils prennent un aspect moucheté ou une couleur grise. Les deux variantes font le même effet, mais vous devez vous assurer que le médicament est réparti de manière homogène. Vous pourriez vous dire que cela n’a pas d’importance, puisque vous insérez de toute façon le suppositoire en totalité. Mais le problème, est que le suppositoire se désagrège s’il est fragilisé à un endroit, donc il sera plus difficile de l’insérer et on risque aussi de perdre une partie du médicament. »
Manon : « On peut tester la qualité de son suppositoire en le laissant tomber et observer s’il ne se casse pas. Avec les suppositoires noirs, on voit clairement qu’on ne les a pas réussis quand la couleur est répartie de façon inégale. » Magali : « Nous apprenons à faire des suppositoires lors de notre formation, mais ce n’est pas aussi évident que de faire des gélules. Couler un suppositoire représente une vraie compétence. »
Magali nous explique que des recherches sont en cours sur les possibilités de l’impression en 3D de suppositoires. Dans cet article, par exemple, nous lisons qu’ils ont mis les informations disponibles sur les anomalies vaginales et rectales dans un logiciel informatique et qu’ils ont réussi à fabriquer différents moules pour les suppositions rectales et vaginales ainsi qu’un logiciel permettant de prédire la forme optimale.
Magali : « Le problème de ces moules est qu’ils ne sont pas encore standardisés et ne peuvent donc pas être utilisés en pharmacie pour le moment, mais il y a certainement un avenir dans ce domaine. Outre le défi que représente l’impression du moule en 3D, on expérimente également avec l’impression en 3D de suppositoires, en tenant compte qu’ils doivent fondre à nouveau à 37° (température du corps) dès qu’ils seront insérés.
A l’APB, on fait des recherches sur l’impression 3D de comprimés depuis des années et nous progressons dans ce domaine, donc… ce qui n’existe pas encore, pourrait se réaliser un jour ! »
Dernière mise à jour le 09/02/2022
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