L’utilisation des données nous aide dans notre rôle de prestataires de soins de première ligne et nous permet de prodiguer de meilleurs soins pharmaceutiques. C’est ce que nous expliquent clairement Marie Van de Putte, coordinatrice de Zorgzaam Leuven et responsable de l’innovation au BAF, et Isabelle De Wulf, responsable des projets scientifiques à l’APB.
Au sein de Zorgzaam Leuven,(NL) l’un des 12 projets pilotes de l’INAMI en soins intégrés pour les malades chroniques, l’accent est mis sur la gestion de la population. Cela implique de travailler avec des équipes de quartier. Il s’agit de réseaux de prestataires de soins de santé de première ligne (pharmaciens de référence, médecins généralistes, infirmiers, etc.) qui collaborent pour la population de leur quartier et qui concluent des accords pour des soins personnalisés « Une équipe de quartier s’engage à mener des actions innovantes pour un groupe cible particulier, p. ex. les patients atteints de BPCO. Les pharmaciens d’une telle équipe de quartier sont parfaitement conscients de leur rôle de pharmaciens de référence. Ils considèrent la coopération avec l’équipe de quartier et surtout avec les médecins généralistes comme une incitation supplémentaire à offrir des soins pharmaceutiques continus », explique Marie Van de Putte.
Soins adéquats pour chaque patient
« Pour soutenir les soins intégrés et la pharmacie de référence, nous voulons aider les pharmaciens de référence à sélectionner les patients qui peuvent bénéficier de soins pharmaceutiques continus, affirme Marie Van de Putte. Il est donc important de savoir qui sont ces patients. » « En collaboration avec le BAF, l’APB a développé une requête BPCO (= recherche dans le logiciel), qui permet d’identifier les patients atteints de BPCO sur la base des données du dossier pharmaceutique», ajoute Isabelle De Wulf. Pour Marie Van de Putte, « cette requête est intéressante car, en plus d’un profil de risque, elle donne une liste dans laquelle figure en tête le patient qui semble avoir la plus grande priorité pour des soins continus. » C’est au pharmacien d’interpréter ces informations et, en concertation avec le médecin – après tout, il s’agit de soins intégrés -, de vérifier si le profil de risque est correct. « La délivrance du vaccin contre la grippe a également été incluse dans cette liste, afin que le pharmacien puisse vérifier si le patient a été vacciné au cours de la saison précédente. Si ce n’est pas le cas, c’est un appel à l’action pour encourager le patient à le faire maintenant », ajoute Isabelle De Wulf.
Soins planifiés et proactifs
Pour l’instant, il est encore trop tôt pour connaître les résultats du projet BPCO, d’autant plus que le coronavirus a mis des bâtons. Marie Van de Putte : « Ce que nous savons déjà, c’est que la requête couvre la charge, en ce sens que les patients de la liste souffrent bien d’une BPCO ou d’une autre affection pulmonaire. De cette façon, la liste fournit une base et peut servir de préparation au suivi des patients. Nous devons apprendre à être proactifs et, par exemple, à planifier le travail autour d’un thème particulier – nous voyons à Louvain que cela fonctionne dans les équipes de quartier. Au sein d’une grande équipe de pharmaciens, par exemple, chaque pharmacien pourrait se concentrer sur une pathologie particulière et suivre éventuellement une formation correspondante. Pour les pharmacien(ne)s qui sont seul(e)s dans leur officine, ils/elles peuvent peut-être envisager de collaborer avec des confrères/consœurs. »
Le pilier de l’avenir de la pharmacie de référence
Selon Marie Van de Putte, la gestion de la population est plus qu’une liste, c’est un pilier que nous devons développer davantage afin d’optimiser encore la pharmacie de référence. Grâce à une approche axée sur les données, cet outil aide les pharmaciens à hiérarchiser, interpréter et planifier les soins aux patients chroniques en fonction de leur profil de risque. « En fait, la gestion de la population est la voie d’accès aux soins pharmaceutiques (continus). Tout soin continu doit être envisagé dans cette perspective. Tout d’abord, vous déterminez quels patients de votre patientèle vous ciblez, puis vous prodiguez les soins, et enfin vous évaluez ce que vous avez fait. Tous vos patients atteints de BPCO ont-ils été vaccinés ? Voyez-vous moins d’exacerbations ? Constatez-vous une amélioration de l’observance thérapeutique ? Un bon système d’auto-évaluation vous permet de faire des ajustements et de constater les effets de votre travail. Si vous partagez ces résultats avec le médecin, vous recevrez également son appréciation. Cela peut également favoriser la fidélité des patients à la pharmacie, car ils bénéficient de bons soins. De cette manière, nous répondons aux objectifs du quadruple but : un pharmacien satisfait, une meilleure qualité des soins pour le patient, une meilleure santé pour une population déterminée et une utilisation efficace des ressources disponibles. »
Qu’est-ce que la gestion de la population ?
La gestion de la population consiste à travailler sur la santé d’une population délimitée sur la base de critères déterminés (âge, données relatives à la délivrance de médicaments, etc.). Nous cherchons des réponses à des questions telles que : quels avantages pour la santé les patients souhaitent-ils obtenir et comment faire en sorte qu’un bon usage des médicaments y contribue ? L’ajustement du schéma de médication ou un entretien BUM avec un patient peuvent-ils entraîner une meilleure observance thérapeutique et des bénéfices pour la santé ? Grâce à l’analyse des données au niveau de la population, nous pouvons analyser l’utilisation des médicaments, ainsi que détecter à temps la non observance thérapeutique et certaines affections.
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