Bien que le nombre de fumeurs ait diminué ces dernières années, une personne meurt encore toutes les heures en Belgique des effets du tabagisme (Source : Sciensano, 9413 décès en 2020, chiffres publiés en 2024). Or, les pharmaciens d'officine semblent jouer un rôle important dans l'accompagnement des personnes désireuses d'arrêter de fumer. Leurs interventions - du soutien comportemental aux conseils sur les dispositifs d'accompagnement au sevrage tabagique - sont non seulement efficaces, mais aussi rentables.
Dans ce blog, nous avons expliqué précédemment comment FarmaFlux a utilisé 4 codes CNK qui ont permis de collecter des données agrégées (= qui ne peuvent pas être retracées jusqu'au patient individuel) à partir d'entretiens motivationnels sur le sevrage tabagique entre les pharmaciens et les patients. Lors de cet entretien, le comportement tabagique, la motivation à arrêter de fumer et les options pour y parvenir ont été discutées avec un large groupe de 300 fumeurs, dont la moitié n'avait pas utilisé de médicaments chroniques au cours des 90 jours précédant l'entretien. Au total, 101 pharmaciens d’officine ont enregistré ces entretiens durant la campagne de deux mois, impliquant une population d’âge moyen de 53 ans, composée d’autant de femmes que d’hommes.
D’après les données collectées, près de 70 % des participants étaient motivés à arrêter de fumer, et environ un tiers a acheté un outil pharmacothérapeutique – le plus souvent une substitution nicotinique (NRT) – le jour même de l’entretien. Près d’un tiers supplémentaire a accepté d’être orienté vers un professionnel de santé, tandis que 7,7 % ont tenté d’arrêter sans aide (« cold turkey »).
Il est intéressant de noter que les fumeurs motivés utilisaient moins de médicaments contre la toux et l’inhalation après l’entretien que les fumeurs non motivés. Cela suggère un lien possible entre la motivation à arrêter et des bénéfices de santé à court terme.
Plus d’un tiers des participants a entamé une thérapie pharmacologique pour l’arrêt du tabac dans les 180 jours suivant l’entretien motivationnel. Il est marquant de noter que certaines personnes initialement peu motivées ou réticentes à utiliser des dispositifs d’accompagnement à l’arrêt du tabac s’en sont tout de même procuré un durant les 180 jours de suivi. Cela indique qu’un court entretien motivationnel, initialement jugé infructueux, peut par la suite conduire à une tentative d'arrêt du tabac. Cependant, d’autres déclencheurs (notamment médicaux) du sevrage tabagique ne peuvent être exclus.
Un point fort de cette étude réside dans l’utilisation de données objectives sur la médication, basées sur les données des pharmacies. Toutes les thérapies pharmacologiques de sevrage tabagique utilisées pendant le suivi ont été enregistrées, car elles ne sont disponibles que dans les pharmacies publiques en Belgique.
Les pharmaciens d’officine sont en mesure d’approcher un large éventail de fumeurs et peuvent jouer le rôle de premier point de contact et de centre d’orientation pour accompagner les personnes vers une vie sans tabac. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer la durée de l’effet des entretiens motivationnels et pour quantifier leur impact. Le lien entre la motivation à arrêter de fumer et les bénéfices pour la santé à court terme doit également être exploré davantage.
Source: Vauterin D, Tommelein E, Lahousse L. A brief motivational interview for smoking cessation by Belgian community pharmacists. Pharmacy Practice. 2024 Jul-Sep;22(3):2976. https://doi.org/10.18549/PharmPract.2024.3.2976
Dernière mise à jour le 18/12/2024
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